Corto Maltese avec Rimbaud, Kipling et Baffo

Voyage avec Rimbaud, Kipling et Baffo de Hugo Pratt, Éditions LE TRIPODE

Mon dernier cadeau d’anniversaire que je n’ai pas pris le temps de chroniquer ici.
Magnifique coffret de 3 albums, associant Pratt à RimbaudKipling et Baffo.
« Dès que me vient une idée je fais un sonnet », disait ce dernier. La devise de Pratt serait plutôt, dès que me vient une idée je peins une aquarelle.
Aquarelle dont le sujet, en l’occurrence, est l’évocation des souvenirs fantasmés de Hugo : Norma de Mar de Plata, Rosa, Irma, Nelli, Elle, Esther, Luciana de Venise, Esther de Rome, et Liliana d’aujourd’hui !
A lire et à regarder  » Écoute, peintre ; tu vas me peindre une femme, sans chemise, telle que Dieu l’a créée… »
Mission accomplie ! Bravo Hugo !
Lanciers du Bengale aux milles couleurs pour illustrer sur fonds de drapeau britannique, les poèmes de Kipling.
Aquarelles mouchetées, plus suggérées que peintes.
Guerriers Beja dans le désert, le cheveu dru et tressé, le sabre brandi, le bouclier arboré dans une pose étudiée. Peur ou respect ?
Dromadaires vêtus du drapeau Éthiopien…Casques coloniaux et uniformes vert bouteille. Kilts de la garde Écossaise.
L’amour n’est jamais loin sous « la lune d’autrefois », lorsque « L’Océan Indien se couche et sourit… » pourrait penser Gunga Din occupé à batailler contre l’envahisseur ! Des soldats à 1 shilling par jour !
Kaboul envahie à jamais, pour l’éternité !
« Ne cherchez pas à poser vos questions à d’autres qu’à ces livres que je laisse après moi. »
Et Rimbaud me direz-vous ? Il n’est pas oublié !
D’Aden où il séjournait le 25 août 1880 jusqu’à Aden où il se trouvait encore le 30 avril 1891.
Lettres minutieuses de blanchisseur de ménagère ou de comptable dans lesquelles le poète, comme s’il voulait fuir les rimes, détaille avec précision ses dépenses abyssales et ses recettes fugitives…
« Les gens du Harar ne sont ni plus bêtes, ni plus canailles que les nègres blancs des pays dits civilisés ; ce n’est pas du même ordre, voilà tout. »
Aquarelles sombres, visages soucieux des hommes affairés insensibles aux sourires éclatants des femmes de passage.
Rimbaud obnubilé par la réussite de ses projets toujours plus hypothétiques, floué par la rouerie du roi Ménélik…
Aquarelles qui se délitent dans le sable et le soleil du désert…
Merci Hugo !

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