17 ans à Nice, 1977…

24 juillet 2020
Dix-sept ans de Éric Fottorino
Eric Fottorino est né à Nice en 1960. Sa mère, fille d’une famille qui a des prétentions de « sang bleu, et flirte avec un antisémitisme de bon aloi, avait Dix-sept ans ! Être fille-mère à dix-sept ans dans la France des années 1960, signifie vivre cachée, vivre dans le secret, fréquenter des institutions qui n’ont de charitable que le nom, abandonner son enfant à une mère qui ne peut pas en avoir et simule la grossesse… »
Parvenu à l’âge adulte, Eric tente de reconstituer le parcours de sa mère et d’en comprendre les raisons.
Démarche courageuse si l’en est, tant nous dit l’auteur « L’injustice est le propre des enfants même quand ils ont vieilli. ». Parviendra-t-il à mieux comprendre sa mère, à lui parler, à lui pardonner si tant est qu’il y ait des choses à pardonner et des fautes commises.
Peu à peu le portrait à charge de Lina Labrie se transforme en portrait à décharge. le roman est parsemé de formules qui retiennent la sympathie et transforment la coupable en victime « Tu t’es fait une raison. La famille, c’est mieux sans. »
L’histoire de la famille Labrie n’est pas glorieuse et sous les rêves d’ors plus monarchiques que républicains se cache la misère, « Ce n’était pas la gloire. A table, même serrés, il y avait toujours de la place pour l’angoisse. Elle mangeait comme quatre, l’angoisse. Plus on était maigres et plus elle était grosse. »
La famille nie la capacité de Lina à être mère, à élever le jeune Eric dans la dignité, au mieux dit la grand-mère qui règne, elle est une soeur, et se dit le jeune Eric « Si tu étais ma soeur, qui devais-je aimer pour aimer ma mère ? »
La colère submerge le jeune adolescent qui sans savoir pourquoi écrit un jour sur son carnet « Je suis le fils d’une pute qu’un salaud de juif a tringlée avant de se tirer. »
Son père biologique Moshé est un juif marocain qui ne l’a jamais reconnu et dont la famille ne souhaitait pas qu’il le fasse.
Dans son périple sur les traes de Lina, Eric se retrouve à Nice où il retrouve des personnages du passé. 
« – Personne ne ressemble à un juif ! a protesté Rivka. Ceux qui le croient s’appellent des nazis ! »
Formidable ode à sa mère mais aussi au père tunisien qui le reconnaitra et lui donnera son nom, le roman d’Eric Fottorino est aussi un chant à la ville de Nice qui l’a vu naître, il se joue des mots en écrivant « Nice, bord de mère. », ou « Je suis né anis » lorsqu’il entend sa mère dire « Mon fils aîné » lui comprend, « mon fils est né »
Il imagine que son père adoptif né à Tunis, tue Nice la ville dans laquelle sa mère fut exilée pour lui donner la vie.
« Éric devient crié » et c’est ce cri que nous fait entendre l’auteur, un cri de libération tel le cri primal qui est l’essentiel de ce roman écrit des années après la naissance biologique de l’auteur qui retrouve sa mère, une jeune fille de soixante-quinze ans.

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