Les jours sont ronds

07 décembre 2019
L’eau vive 01 : Rondeur des jours de Jean Giono
Dans cette quinzaine, seize exactement, de textes courts et lumineux, Giono philosophe naturaliste, nous hisse à son niveau, nous prête ses yeux pour voir ce nous n’avons pas le temps de voir, pressé que nous sommes face aux merveilles que le monde nous présente chaque jour.
Tentation bien humaine de ramener le monde à son image et non pas l’inverse voir l’homme à l’image du monde, ce que n’a cessé de faire Giono, souvent mal compris.
Dès le premier texte qui donne son titre au recueil, Giono écrit :
« Les jours sont ronds.
Nous n’allons vers rien, justement parce que nous allons vers tout, et tout est atteint du moment que nous avons tous nos sens prêts à sentir. »
Vient ensuite « l’eau vive » : ode au rémouleur, potier, boucher, fontainier, cordonnier.Tous ces humbles, chantent :
« Parce qu’elle est dans le regard de ce fer de couteau aiguisé comme un assassin malheureux. »
« Ce qui compte dans un vase c’est le vide du milieu »
« Je me fais des gargoulettes (…) pas plus gros qu’un pinson (…) mais, dedans, au lieu de la tripe c’est vide. »
Et de conclure :
« Tout, monsieur, c’est tout de l’eau, l’eau enseigne tout, la vie, c’est de l’eau. »
Giono regrette que l’on utilise aujourd’hui des « balances qu’on lit avec une table de logarithmes. »
L’épicerie-mercerie du village se meurt, celle où l’auteur qui y accompagnait sa tante les jeudis, en était le voyageur immobile.
L’étiquette du « fil au chinois », les morues séchées suspendues aux solives, le tiroir à café, la boite au poivre, le sac aux pois-chiches et la corbeille aux oignons, tout était motif à voyage.
Il serait vain de passer en revue tous ces textes, de refaire parler les sauterelles comme dans Les Larmes de Byblis, de manger le pain avec Joseph et Anaïs, de goûter à la soupe d’épeautre de Mlle Amandine, de marcher vers Prébois les trois kilomètres restant après l’arrêt de bus, de vivre l’hiver et l’entrée dans le printemps, de parler aux pigeons et ces milles choses que nous enseigne Giono dans ce chant à la Provence.
Donnons lui la parole :
« Et tout le monde buvait du vin. Quand nous sortions du Tivoli, le dimanche, bras dessus, bras dessous, avec les « filles » en robe de bure, nous allions à la chambrée manger des tortillons et nous assembler autour des bouteilles où flamboyaient les rayons de toutes les lampes. »
Lumineux je vous dis.

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