Les Fla, les Fla, les Flamands !

19 novembre 2019
Maigret chez les flamands de Georges Simenon
Les Peteers sont des Flamands, tenanciers d’une épicerie bar au bord de la Meuse à Givet, dans le No Man’s Land entre la douane française et la douane belge. Ils sont peu aimés de la population française, jugés « riches », trafiquants notoires, servant de l’alcool aux mariniers sur un petit comptoir aménagé dans l’épicerie.
Le fils Joseph étudie pour devenir avocat. Il doit épouser sa cousine Marguerite fille d’un oncle médecin, van de Weert.
Mais voilà, il a eu une aventure avec Germaine Piedboeuf la fille du veilleur de nuit de l’usine et lui a fait un enfant.
Très vite cette affaire prend des proportions de guerre entre Flamands et Wallons. Lorsque Germaine disparait, le fils Joseph est accusé de meurtre par tout Givet.
Maigret est appelé à la rescousse par un vague cousin de sa femme qui connait la soeur de Joseph, Anna Peteers.
Roman le plus politiquement incorrect de Simenon. Ecrit en 1932. Maigret y apparait coupé à la hache, n’ayant pas encore acquis la rondeur, la discrétion et la diplomatie du héros de Simenon.
Dans cette histoire, il intervient à titre officieux, se joue de l’inspecteur Machère officiellement en charge de l’enquête, provoque les protagonistes, notamment au Bar de la Mairie, s’incruste dans les réunions de famille des Peteers, se sert lui-même de genièvre, bourre sa pipe sans souci.
Pourtant, il parviendra, une fois de plus direz-vous, à déjouer tous les pronostics, s’attirant la confiance des Ursulines du couvent où une autre soeur de Joseph, Maria, est institutrice.
Il découvre la vérité mais ne la livre pas à Machère, conserve des preuves par devers lui, puis finalement les remet à Machère, décide de régler le sort de l’assassin de la pauvre Germaine à l’amiable, confirmant d’une certaine façon ce que pense de lui Gérard Piedboeuf le frère de la victime :
« – L’ami des Flamands…
– Tu comprends Ninie, quand tu seras riche, tu n’auras plus rien à craindre de la police. »
Un roman époustouflant par l’atmosphère lourde et confinée de Givet, la façon dont les personnages sont croqués par Simenon, la pluie battante tout au long du récit, le grondement de la Meuse, l’alcoolisme des mariniers, le désespoir de la famille Piedboeuf, la tenue de bon aloi des Peteers, chacune des deux étant sûre de son bon droit.
Un document de référence sur la société de l’entre-deux guerres. A lire.

2 commentaires sur “Les Fla, les Fla, les Flamands !

  1. Ce me fut ces temps une relecture qui avait laissé jadis Anna et Maigret dans un flou incertain de leurs raisons. La relecture fut attentive et patiente, soucieuse du moindre détail. Au final, mon ressenti s’étend à d’autres questions au-delà de la dernière page refermée. Anna va me rester tatouée en mémoire au titre de ces héroïnes de papier marquantes mais pour de mauvaises raisons qui s’en cherchent de bonnes.

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  2. Moi aussi, j’ai deux lectures de ce roman, celle-ci de 2018, et l’autre de 2020…les deux sur ce blog. Merci à vous

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